L’obésité est un problème croissant en Europe. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, les taux d’obésité ont triplé au cours des trois dernières décennies. En 2016, près d’un adulte sur trois en Europe était obèse.
Il s’agit d’un grave problème de santé publique, car l’obésité augmente le risque de nombreuses maladies chroniques, telles que les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète de type 2 et certains types de cancer.
Plusieurs facteurs contribuent aux taux élevés d’obésité en Europe. Il s’agit notamment d’un mode de vie sédentaire, d’une mauvaise alimentation et d’une consommation accrue de nourriture. En outre, l’évolution des conditions économiques a conduit à une augmentation de la consommation d’aliments transformés et rapides.
Un nouveau rapport publié le 3 mai par le bureau régional de l’OMS sur l’obésité en Europe 2022, révèle que les taux de surpoids et d’obésité ont atteint des proportions épidémiques dans l’ensemble de la région européenne.
La progression est continuelle et aucun des 53 États membres n’est actuellement en mesure d’atteindre l’objectif mondial de l’OMS relatif aux maladies non transmissibles (MNT), qui consiste à arrêter la progression de l’obésité d’ici 2025.
Nouvelles données sur l’obésité et le surpoids en Europe
Le rapport a été lancé lors d’un événement de presse le 3 mai, puis à fait l’objet d’une présentation au congrès Zoom Forward 22 situé à Maastricht, aux Pays-Bas.
Il révèle que dans la région européenne, 59 % des adultes, 29 % des garçons et 27 % des filles, soit près d’un enfant sur trois sont en surpoids ou obèses. La prévalence de l’obésité chez les adultes vivant en Europe est plus élevée que dans toute autre Région de l’OMS, à l’exception du continent américain.
Le surpoids et l’obésité figurent parmi les causes d’invalidité et de décès principales dans la région européenne. Selon des estimations récentes, ils seraient à la cause de plus de 1,2 million de décès par an, soit plus de 13 % de la mortalité totale.
L’obésité accroît le risque de nombreuses MNT, notamment le diabète de type 2, les maladies respiratoires chroniques, les maladies cardiovasculaires et les cancers.
Par exemple, l’obésité est considérée comme un facteur d’au moins 13 types de cancer différents. Elle est également susceptible d’être directement responsable d’au moins 200 000 nouveaux cas de cancer par an en Europe.
La tendance indique que ce chiffre va encore augmenter dans les années à venir. Le surpoids et l’obésité sont par ailleurs le principal facteur de risque d’invalidité. En effet, ils sont à l’origine de 7 % du nombre total d’années vécues avec un handicap.
Les personnes en surpoids et celles qui vivent avec l’obésité ont été touchées plus fortement touchées par les conséquences de la pandémie de COVID-19. La pandémie a engendrée des changements défavorables dans les habitudes alimentaire et d’activité physique. Leur impact négatif sur la santé de la population dans les années à venir nécessitera des efforts importants pour être traités.
L’obésité en Europe : une épidémie en cours
Pour faire face à cette épidémie croissante qu’est l’obésité en Europe, le rapport recommande une liste d’interventions et d’options politiques.
Les États membres peuvent ainsi les suivre pour prévenir et combattre l’obésité parmi leur population, en mettant l’accent sur la nécessité de mieux reconstruire après la pandémie de COVID-19.
« L’obésité n’a pas de frontières. Dans les régions d’Europe et d’Asie centrale, aucun pays n’arrivera à lui seul à atteindre l’objectif mondial de l’OMS concernant les MNT, qui consiste à arrêter la progression de l’obésité », a déclaré le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.
« Les pays de la région européenne sont incroyablement diversifiés, mais ils sont chacun confronté à des difficultés dans une certaine mesure. En mettant en place des environnements plus favorables, en encourageant l’innovation et l’investissement dans le domaine de la santé, et en développant des systèmes de santé résilients et solides, nous pouvons inverser la tendance en matière d’obésité dans la région européenne. »
L’obésité n’est pas seulement un facteur de risques, mais également une maladie
L’obésité est une pathologie complexe qui présente un sérieux risque pour la santé. Bien qu’on l’associe souvent à la combinaison d’une alimentation malsaine et de la sédentarité, ses causes sont bien plus complexes. Ce rapport expose les données les plus récentes, mettant l’accent sur la façon dont la vulnérabilité à un poids corporel malsain dans l’enfance, peut influencer la tendance d’un individu à développer une obésité.
Les facteurs environnementaux caractéristiques de la vie dans les sociétés hautement numérisées en l’Europe moderne sont également des facteurs de l’obésité. Le rapport étudie, par exemple, comment le marketing digital de produits alimentaires malsains et la prolifération des jeux sédentaires en ligne auprès des enfants, favorise la vague croissante de surpoids et d’obésité dans la région européenne.
Toutefois, il met également en lumière la façon dont les plateformes numériques peuvent être utiles pour offrir des possibilités de promotion et de discussion sur le bien-être et la santé.
Quelles mesures politiques peuvent prendre les pays européens ?
La lutte contre l’obésité est primordiale pour atteindre les objectifs de développement durable et s’avère être une priorité dont le Programme de travail européen 2020-2025 de l’Organisation mondiale de la Santé se fait l’écho.
Le nouveau rapport de l’OMS explique comment les interventions politiques qui ciblent les déterminants commerciaux et environnementaux d’une mauvaise alimentation au niveau de l’ensemble de la population sont susceptibles d’être les plus efficaces pour inverser la courbe de l’obésité, de lutter contre les inégalités alimentaires et de mettre en place des systèmes alimentaires écologiquement durables.
L’obésité est un phénomène complexe, dont les déterminants et les conséquences sur la santé sont nombreux, ce qui signifie qu’aucune intervention unique ne peut entraver la progression de cette épidémie d’obésité croissante.
Toute mesure politique nationale ayant pour objectif de résoudre les problèmes de surpoids et d’obésité doit être soutenue par un engagement politique de haut niveau. Elles doivent aussi être globales, cibler les inégalités et toucher les individus tout au long de leur vie.
Les efforts de prévention de l’obésité doivent considérer les déterminants plus larges de la maladie, et les actions politiques doivent s’éloigner des approches centrées sur les individus et se focaliser sur les facteurs structurels de l’obésité.
Le rapport de l’OMS met en évidence quelques mesures politiques spécifiques qui paraissent prometteuses pour réduire les taux d’obésité et de surpoids :
- la mise en œuvre d’interventions fiscales comme les subventions pour les aliments sains et/ou la taxation des boissons sucrées.
- des restrictions concernant le marketing et la commercialisation d’aliments malsains auprès des enfants.
- un accès amélioré et facilité aux services de prise en charge de l’obésité et du surpoids dans le cadre de la couverture sanitaire universelle et des soins de santé primaires.
- des efforts visant à améliorer l’activité physique et l’alimentation tout au long de la vie avec notamment des interventions en milieu scolaire et des interventions ayant pour but de créer des environnements qui améliorent l’accessibilité aux aliments sains et aux possibilités d’activité physique. Sont aussi concernés les soins avant la conception et pendant la grossesse, la promotion de l’allaitement maternel.